Publié par : allezlesfilles | 11 août 2021

Merci Claudine Hermann !


C’est avec une grande tristesse que nous avons appris récemment le décès de Claudine Hermann. Physicienne, première femme professeure de physique à l’Ecole Polytechnique en 1992 elle s’est inlassablement engagée pour promouvoir les femmes de sciences et les sciences auprès des jeunes filles.

Cofondatrice de l’association « Femmes et sciences » qui a fêté ses vingt ans en 2020 et dont elle a été la première présidente, puis la présidente d’honneur, elle a participé à la création de la Plate-forme européenne des femmes scientifiques (EPWS) qui réunit une cinquantaine d’associations européennes et 15 000 femmes scientifiques européennes.

Elle était une amie du groupe « Allez les filles Osez les sciences », composé de jeunes étudiantes en sciences, réunies en 2010 par Universcience, et qui sont aujourd’hui de brillantes ingénieures.

Grande Officière de la Légion d’Honneur, Claudine Hermann a chaleureusement soutenu et participé à plusieurs des actions d’Universcience en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine des sciences et des technologies. En 2011 elle a contribué au titre de l’association « Femmes et sciences » et aux côtés des associations « Femmes et maths » et « Femmes ingénieures » à la lecture sous l’angle du genre d’un échantillon de nos expositions.

Elle a activement participé de 2015 à 2018, avec les associations mentionnées, au projet européen Hypatia, financé par l’Union européenne ;  projet qui a permis la conception d’une série d’activités pour les jeunes de 13 à 18 ans, en vue de les encourager et d’encourager tout particulièrement les filles toujours minoritaires dans certaines filières comme les maths, la physique, les sciences de l’ingénieur ou l’informatique, à choisir des filières et des métiers scientifiques.

En septembre 2020, elle a participé avec Clémence Perronnet, sociologue, à la deuxième rencontre organisée par Univers’Elles, le réseau des femmes d’Universcience : « Tous les jeunes sont-ils égaux face aux sciences? Elle y rappelait les actions menées par « Femmes et sciences :

« L’association Femmes & Sciences, créée en 2000, agit dans deux grands axes : la promotion des sciences auprès des jeunes et en particuliers des filles ; le soutien et la mise en réseau des femmes en sciences et techniques et dans la recherche, pour toutes les disciplines. Nous témoignons de nos métiers en tant que « femmes modèles » dans les classes à la demande du corps enseignant, dans les forums des métiers, à la Fête de la Science, etc. Nous intervenons particulièrement en Ile de France, en Alsace, en Occitanie (Toulouse, Montpellier), PACA (Marseille, Nice), à Lyon, etc. En 2019 nous avons rencontré 12.000 jeunes. Nous avons réalisé divers outils : des diaporamas, des vidéos de témoignages de professionnelles en sciences ou techniques, un jeu pour les jeunes, des documents pour le corps enseignant (à propos des stéréotypes sur l’orientation des filles et des garçons, 40 portraits de femmes scientifiques pour donner des exemples dans les cours…) ».

Toujours disponible lorsqu’il s’agissait de donner un avis, de bons conseils, de mettre en relation avec des membres de son immense réseau, Claudine Hermann, remarquable pionnière, remarquable physicienne, admirable femme d’action aura marqué, stimulé, inspiré les actrices et les acteurs de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine des sciences et des technologies. Féministe ? Oui, bien sûr !  « Souvent les jeunes filles me demandent si je suis féministe. Si être féministe c’est vouloir que les femmes trouvent leur juste place dans la société, oui ! »

Publié par : allezlesfilles | 9 février 2018

Sabrina Ihaddaden : la passion de la signalisation des trains !


 

Pour célébrer la Journée internationale des femmes et des filles de science, qui a lieu le 11 février, nous publions l’ interview de Sabrina Ihaddaden et vous invitons à relire celui de Sabrina Andiappane. Ce sont deux jeunes scientifiques, brillantes ingénieures et modèles inspirants pour montrer aux filles que les sciences de l’ingénieur c’est aussi pour elles. On peut s’y épanouir, faire un métier qui plaît, travailler à l’étranger ou sur de grands projets européens, faire traverser des trains du futur sous Londres ou envoyer des engins super performants dans l’espace.

 


Avec Zena Musoki, ingénieure chimiste, Flore Wegman ingénieure en électronique, Marie-Sophy Pin, ingénieure également , les deux Sabrina ont fait partie du groupe participatif « Allez les Filles », organisé par Universcience en 2010 pour donner leur point de vue sur les obstacles rencontrés par les filles dans les filières scientifiques. Puis elles ont monté avec  le soutien Universcience le blog « Allez les filles Osez les sciences » pour donner confiance en elles aux jeunes étudiantes en sciences et les inciter à choisir des filières, comme les sciences de l’ingénieur où les filles sont encore minoritaires. Elles sont 28% dans les écoles d’ingénieur.

 

 

Titulaires d’un diplôme d’ingénieur, elles réussissent brillamment dans leur début de carrière et ont déjà décroché des prix importants pour récompenser leur parcours.

Nous leur donnons la parole pour encourager toutes les filles qui aiment les sciences et les technologies à suivre leurs traces.

Sabrina Ihaddaden, brillante jeune ingénieure française, travaille actuellement au Royaume-Uni chez Bombardier, grande entreprise internationale qui fabrique notamment des trains et des avions.

Lauréate en 2008 du Prix de la « Vocation Scientifique et Technique des filles », décerné par le Ministère des droits des femmes aux lycéennes qui choisissaient de s’orienter dans des filières où les filles sont moins de 40%, Sabrina Ihaddaden a participé aux côtés de Sabrina Andiappane, ingénieure dans le spatial, Zena Musoki, ingénieure chimiste, Marie-Sophy Pin et Flore Wegmann ingénieures également, au groupe participatif « Allez les filles » réuni par Universcience en 2010. Ces jeunes femmes ont ensuite monté, avec le soutien d’Universcience, ce blog « Allez les filles, osez les sciences ».

Sabrina, lauréate en 2013 du prix « Award for the Young Achiever 2013 » décerné par le Chartered Management Institute (CMI) et fin 2017 du le prix « Young Rail Professional » au Royaume Uni, est passionnée par son métier : concevoir les systèmes de signalisation de trains qui roulent plus vite, sont plus sûrs et sont plus performants. Une inspirante rôle modèle.

 

 

 

 

Après le bac, quelle filière avez-vous choisie ?

Après un bac S option physique-chimie, j’ai choisi de poursuivre des études d’ingénieur, bien qu’à l’époque, mon entourage m’ait recommandé de me méfier car les études d’ingénieur sont des filières majoritairement masculines. Loin de me décourager, j’ai décidé de relever le challenge et me suis inscrite en DUT en Génie Electrique et Informatique Industriel, à l’IUT de Cachan, où nous n’étions que 4 filles sur 100. J’ai ensuite passé des concours et ai intégré les Arts & Métiers ParisTech, au centre de Lille. J’ai eu l’opportunité de faire ma dernière année à l’étranger et j’ai choisi de me spécialiser en mécatronique, à l’Université de Lancaster, au Royaume Uni.

 

Quand avez-vous décidé de devenir ingénieure et pourquoi?

Durant ma dernière année de lycée, j’ai réalisé que je voulais comprendre comment fonctionnent les appareils technologiques car nous en sommes entourés. Je trouvais cela dommage de les utiliser tous les jours sans savoir comment ils marchent, c’est pour cela que je suis devenue ingénieure.

 

Avez-vous connu des doutes ?

Des doutes, toujours. Je me souviens quand je me préparais pour les concours aux écoles d’ingénieur, je ne savais pas du tout où me positionner par rapport aux autres candidats et j’avais postulé dans énormément d’écoles, de peur de me retrouver sans rien. J’ai finalement intégré les Arts & Métiers ParisTech à Lille. Un magnifique tremplin pour arriver au job de mes rêves ! Je pense qu’il ne faut jamais se décourager et toujours persévérer afin de trouver sa voie.

 

Pourriez-vous nous en dire plus sur les Arts & Métiers ParisTech ? Quelles options avez-vous choisies et pourquoi ?

Les Arts & Métiers ParisTech est une école d’ingénieur généraliste, spécialisée en génie mécanique et industriel. Le recrutement se fait post Bac + 2 après une prépa scientifique et technique, un DUT, un BTS ou une Licence. Les Arts & Métiers ont des centres un peu partout en France, j’ai rejoint le centre de Lille, un magnifique bâtiment historique.

 

Votre parcours académique vous a-t-il permis de voyager ?

J’ai eu la chance de passer ma 5e et dernière année d’études supérieures en Angleterre et ai choisi de me spécialiser en mécatronique, filière où nous n’étions que 2 filles. Cette année passée en Angleterre a été très enrichissante et je me suis beaucoup investie dans la vie étudiante de l’université de Lancaster. Je suis même devenue présidente des étudiants de  Masters et Doctorats.

 

Les filles semblent être très sous-représentées dans les filières que vous avez choisies, cela a-t-il été un problème pour vous ?

Tout au long de mon parcours scolaire et professionnel, le taux de femmes variait entre 25% et 4% maintenant. J’ai fait de ma singularité ma force. Il n’est pas rare que l’on pense que je représente le service des ressources humaines ou des achats quand j’arrive dans une réunion où les hommes sont majoritaires. Cela me fait sourire de voir leur étonnement quand ils réalisent que je représente l’équipe d’ingénierie !

 

Avez-vous trouvé rapidement un job après votre diplôme ?

Après ma 5e année, je suis restée en Angleterre puisque j’ai choisi de rejoindre un « graduate program » chez Bombardier Transport, programme de 2 ans dédié aux jeunes diplômé.e.s pour leur permettre de découvrir les différents types de métiers. Ce programme m’a permis de choisir la spécialisation qui m’a toujours plu : la signalisation.

 

Quelle est la place des femmes chez Bombardier ? Existe-t–il des politiques mises en place en faveur de la mixité ?

Selon l’organisation « Women In Rail », il y a environ 16% dans le ferroviaire au Royaume Uni, et 4% sont ingénieures. Un réseau de femmes travaillant chez Bombardier est actif, ce qui peut rassurer des femmes postulant dans l’entreprise.

 

Quels sont les aspects qui vous plaisent le plus dans votre travail ?

J’apprécie particulièrement le sentiment de faire quelque chose d’utile pour la société puisque les projets sur lesquels je travaille contribuent directement à améliorer les transports ferroviaires de milliers de citoyens. Le travail en équipe et le relationnel clients et fournisseurs sont aussi des aspects qui me plaisent beaucoup. Et puis la fierté de voir son premier projet entrer en service à Londres !

 

Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ?

Le projet Crossrail est le plus gros projet sur lequel je travaille actuellement et me permet de développer mes connaissances sur le matériel roulant. C’est un train qui traversera Londres d’Est en Ouest et qui augmentera la capacité du réseau de 10%, et sur lequel la signalisation est particulièrement complexe. Nous avons également remporté cinq autres projets de matériel roulant pour Londres pour lesquels je suis responsable de l’intégration des équipements de signalisation à bord des trains.

 

Vous semblez passionnée par votre métier, est-ce important pour vous de transmettre votre goût des sciences aux jeunes ?

Absolument. Je suis engagée dans une association, la «Young Rail Professionals », que j’ai d’ailleurs dirigée pendant plusieurs années, et qui promeut les métiers du ferroviaire auprès des jeunes. J’ai l’occasion de rencontrer des étudiant.e.s dans les collèges, lycées et universités au Royaume-Uni pour promouvoir l’ingénierie ferroviaire, souvent délaissée par les jeunes diplômé.e.s au profit des filières automobiles et aérospatiales.

 

 

Publié par : allezlesfilles | 15 décembre 2017

Réussir dans le spatial : une jeune ingénieure témoigne


Qui ?  Sabrina Andiappane
Mission ? R&D Study Manager and Advanced Projects Engineer (CCPIF/ IAPP-X) – THALES ALENIA SPACELa phrase :  « Il faut essayer de faire abstraction des stéréotypes que l’on voit et que l’on s’applique à soi aussi et ce dès le plus jeune âge. »

Vous venez de remporter le Trophée des femmes aux débuts prometteurs remis par l’Usine Nouvelle, pouvez-vous nous présenter votre parcours, de l’école à Thales Alenia Space : par quoi avez-vous été portée ou guidée ?

Après avoir obtenu mon Bac S, j’ai fait une classe préparatoire à Paris pendant deux ans et j’ai intégré l’ESIEE Paris pour 3 ans d’où je suis sortie diplômée en 2013 avec une spécialisation Télécommunications. On dirait un parcours classique mais en réalité j’ai toujours fait attention à orienter mon parcours pour avoir la possibilité de choisir ce que je voulais faire et avoir un métier que j’aime. J’ai choisi un bac scientifique pour avoir le choix de mon futur métier, prépa pour avoir le choix des écoles d’ingénieurs et enfin la spécialisation Télécommunications pour avoir le choix du domaine dans lequel je travaillerai.

J’ai choisi de travailler dans le spatial parce que c’est tout simplement un rêve d’enfance, une vraie passion et j’ai eu l’opportunité de faire mon stage de fin d’étude chez Thales Alenia Space à Cannes pour découvrir le métier d’ingénieur aérospatiale ; maintenant j’en suis une. On passe la moitié de sa vie au travail donc pour moi c’était impératif d’avoir un métier qui m’inspire tous les jours.

Pouvez-vous nous décrire une journée type ? vos missions chez Thales Alenia Space ?

En toute honnêteté, je crois qu’il n’y a pas une journée qui se ressemble.

Je suis ingénieure R&D et Avant-Projets, j’ai donc deux casquettes. Je suis architecte sous-système pour les futures missions spatiales de l’entreprise, ce sont des missions scientifiques interplanétaires avec pour objectifs d’explorer les corps célestes de l’univers. Chaque mission est différente, en effet viser la lune ou mars n’amène pas les mêmes contraintes donc le travail que je fais n’est jamais le même.

Je suis également ingénieure R&D, ce qui est ma principale activité, je réalise des études dans mon domaine de compétence pour l’ESA, le CNES et l’Union Européenne et je participe également à la rédaction des réponses aux appels d’offre pour gagner ces études. En ce moment, mon plus beau projet est un projet européen H2020 que je coordonne et qui s’appelle I3DS (Integrated 3D sensors : http://i3ds-h2020.eu/). Mon consortium est composé de 10 partenaires répartis dans toute l’Europe. Nous sommes en interface avec 5 autres consortiums européens également et nous travaillons tous dans le cadre d’un SRC (Space Research Cluster)  pour améliorer la compétitivité de l’Europe dans les futures missions robotiques spatiales.

C’est un beau projet collaboratif qui se terminera début 2019. Au final, je fais aussi bien de la technique que de la gestion de projet et j’ai l’opportunité de voyager beaucoup et de participer à des workshops en tant que représentante de Thales Alenia Space ce qui est un vrai privilège.

Depuis vos études vous êtes engagée pour plus de femmes dans les études scientifiques, vous avez créé l’association « Allez les filles, Osez les Sciences ! » , comment expliquez-vous ce manque de vocation féminine pour les sciences ? Comment faire changer les choses ?

En réalité je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’à ce que je rentre en école d’ingénieurs. En Terminale S, on était autant de filles que de garçons et idem en prépa. J’étais à St Louis et c’est une des prépas parisiennes qui a un internat de filles donc je pense que c’est pour cela que même en étant en filiale PSI, il y avait beaucoup de filles dans ma classe.

Honnêtement, je ne sais pas expliquer ce manque de vocation féminine pour les sciences. Un manque de confiance en soi, une peur de prendre des risques ou un manque de visibilité des métiers dans les sciences peut-être ? Je me souviens que quand j’étais jeune je ne savais pas non plus ce que signifiait travailler dans les sciences mais bizarrement je n’avais pas peur. Je me suis jamais posée la question du genre fille ou garçon dans tous mes choix. C’est peut être lié à ma manière de penser. Il faut essayer de faire abstraction des stéréotypes que l’on voit et que l’on s’applique à soi aussi et ce dès le plus jeune âge.

Après c’est personnel, une envie ou non de s’orienter vers tels ou tels métiers, on est tous différents.

Une action concrète que je vois c’est qu’avant les choix d’orientation post-Bac, toutes les options doivent être présentées aussi bien aux filles qu’aux garçons et sensibiliser les filles plus particulièrement aux métiers scientifiques (tout au long de la terminale par exemple avec des interventions, des ateliers, des visites).

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui veulent suivre votre voie ?  

On dit que son pire ennemi c’est soi-même, donc ne pas se dresser des barrières et bien garder la tête sur les épaules parce que malheureusement il y a toujours des personnes qui seront là pour vous faire douter de vous et questionner vos choix. Osez tenter et tout ira bien !

Publié par : allezlesfilles | 24 novembre 2016

Hypatia : un grand projet européen pour les jeunes et les sciences


Un projet européen ambitieux pour encourager les adolescent.e.s et particulièrement les filles à choisir des métiers et filières scientifiques

 Dans l’Union européenne, seulement 33% des chercheurs sont des femmes (en France 27%) ! Et les jeunes européens méconnaissent la variété et la richesse des métiers dans les sciences, les technologies, les sciences de l’ingénieur et les maths (dites STEM) et des compétences nécessaires pour les exercer.

De plus les filles sont encore minoritaires dans plusieurs de ces filières. On observe, par ailleurs, que les sciences et les technologies ne sont pas communiquées aux jeunes de manière inclusive du point de vue du sexe et du genre.

Comment encourager les adolescent.e.s  et particulièrement les filles à choisir davantage ces filières qui débouchent sur des emplois ?
Pour relever ce défi, le programme Horizon 2020 de l’Union européenne finance le projet « Hypatia »du nom dune mathématicienne, philosophe et astronome grecque (env.355-415).  Initié en août 2015, il durera trois ans.

le site du projet pour les jeunes

www.expecteverything.eu pour les adolescentes et les adolescents

Dix-neuf partenaires dans quinze pays 

Ce projet ambitieux réunit les talents de nombreux partenaires de quinze pays.

Quatorze musées et centres de sciences, parmi les plus prestigieux, le réseau européen des musées, l’université de Copenhague, la Fondation L’Oréal, l’entreprise internationale PPG spécialiste des peintures industrielles et l’agence de communication Bureau Q vont conjuguer leurs efforts pour augmenter le nombre de filles dans les filières et métiers des STEM pour tendre à un équilibre entre les sexes dans toutes les filières, faire apparaître la variété des carrières STEM notamment dans les professions émergentes liées à l’innovation et aux nouvelles technologies et inciter les établissements scolaires, musées, institutions de recherche, industries à avoir une communication des STEM plus inclusive du point de vue du sexe et du genre.

Pourquoi Universcience participe ?

Encourager les vocations scientifiques des jeunes et en particulier des filles s’inscrit dans les missions d’Universcience. Universcience a signé en 2014 une « Charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine des sciences et des technologies » avec trois ministères et en 2015 la « Convention d’engagement pour une communication publique sans stéréotype de sexe » avec le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

En quoi consiste le projet ?

Ce sera une boite à outils en ligne (digital toolkit) composée de 15 activités (ateliers, manips, scénarios de débats, speed dating, jeux de cartes, rencontres avec des scientifiques ou des professionnel.le.s…) à destination des adolescent.e.s de 13 à 18 ans. Les activités seront mises en œuvre dans des établissements scolaires, des musées, des institutions de recherche et de l’industrie. Les 15 activités ont été testées avec 60 classes près de 1500 élèves.

Les activités proposées seront accompagnées de recommandations pour le corps enseignant, les médiateurs et médiatrices des musées, le monde de la recherche et de l’industrie pour communiquer les sciences et les technologies sur un mode plus inclusif du point de vue du sexe et du genre.

Un pôle réunissant toutes les parties prenantes dans chaque pays partenaire et un panel de jeunes fonctionnent en appui (retours, recommandations, tests, …) tout au long du projet.

Pour la boîte à outils, Universcience a conçu 3 activités : un atelier sur les stéréotypes présents dans des publicités ou des campagnes de recrutement pour des métiers, un modèle de rencontre avec des ambassadrices ou ambassadeurs des sciences et un jeu de carte sur des femmes scientifiques.  

Le pôle français des parties prenantes (Hub) est composé d’une soixantaine de personnes représentant les ministères de la culture et de la communication, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, des familles, de l’enfance et des droits des femmes, des représentant.e.s de différentes académies, des organismes de recherche, des entreprises du secteur des sciences et des technologies, des associations, d’enseignant.es, de chef.fe.s d’établissements, de chercheuses et chercheurs.….Le pôle des parties prenantes nous accompagne pour la sélection des activités et pour la communication et la dissémination du projet.

 Le panel des jeunes rassemble quinze élèves, de la troisième à la terminale, habitant la Région Ile de France. Le panel nous fait part de ses avis. Des jeunes du panel ont participé aux tests des activités. Ils et elles sont les ambassadeurs et ambassadrices du projet. En décembre 2016, le panel français sera l’auteur d’articles pour le blog, le site et les réseaux sociaux du projet Hypatia.

Le blog Allez les filles Osez les sciences se fera l’écho des réflexions et propositions des jeunes.

Le site du projet : www.hypatiaproject.eu pour les parties prenantes du projet

 

Publié par : allezlesfilles | 22 décembre 2015

Des jouets aussi bien pour les filles que pour les garçons


Le rose c’est pour les filles, le bleu pour les garçons, les dînettes pour elles et les voitures pour eux… Hélàs le marketing genré des jeux s’est aggravé au fil des décennies et il est très difficile d’échapper à la division sexuée des jeux. Les jeux pour les filles étant beaucoup moins variés que ceux des garçons reproduisant de manière affligeante des rôles sexués qui ne correspondent souvent même plus à la réalité.

L’enseigne U en a décidé autrement et propose un catalogue de jouets qui casse les préjugés et stéréotypes.

« C’est la troisième année de suite qu’on a choisi de casser les codes dans notre catalogue de Noël», explique Thierry Desouches, porte-parole de Système U. Et il poursuit : «  Cette posture citoyenne est devenue plus importante au fil des années, elle va de pair avec l’évolution de la société, car on est là pour faire état de la réalité des choses. Aujourd’hui quand on est devant un public d’enfants et qu’on les lâche devant un jouet, il n’y a pas de genre. Les enfants jouent avec n’importe quoi. »

C’est ce que montre la vidéo qui fait la publicité du catalogue.

https://youtu.be/GEIQJqPgjLY

La construction de l’égalité entre filles et garçons passe par les jouets soulignaient dans un rapport la sénatrice Chantal Jouanno et le sénateur Roland Courteau .

Saluons cette initiative.

Publié par : fatiane | 28 novembre 2015

Maternité et carrière


grossessetravail

A l’occasion d’une rencontre avec des anciens de mon école d’ingénieur, nous avons évoqué la recherche d’emploi pour lancer notre carrière. J’étais avec un ami. Une ancienne a conseillé à mon ami de tenter de commencer dans une PME, car on y est beaucoup plus responsabilisé, on est souvent acteur de la prise de décision dans l’entreprise. C’est donc une expérience très enrichissante et valorisante.

Par contre, à moi, en tant que femme, elle m’a conseillé de passer plutôt par une grande boîte, en raison du « problème » de grossesse, si on peut vraiment appeler ça un problème.

Une autre ancienne a rebondi en disant qu’un congé maternité n’est vraiment pas un problème aujourd’hui puisque l’employée enceinte prévient dès qu’elle est au courant de sa grossesse et l’entreprise a environ 6 mois pour trouver un remplacement. Donc le congé maternité n’est pas vraiment un problème dans le sens où l’entreprise est prévenue assez tôt pour avoir le temps de prendre ses dispositions.

Elle a étayé par une petite anecdote. Lorsqu’elle travaillait sur un projet dans une raffinerie pour le lancement d’une nouvelle unité.

« L’exécution du projet devait démarrer le lundi à 8h et pas plus tard! Mais malheur ! Le chef de projet s’est cassé la cheville le vendredi soir en jouant au volley-ball. Il est mis en arrêt maladie. Il ne peut se déplacer, si ce n’est en fauteuil, ce qui n’est pas envisageable pour l’accès aux installations dans une raffinerie.
Il a fallu trouver en un week-end, non pas une mais 3 personnes, tellement sont travail et son savoir étaient importants dans ce projet. Alors comparé à ça, une grossesse ce n’est rien! Mais je conçois bien que pour les toutes petites entreprises qui ont peu de moyens remplacer une cadre pour un congé maternité peut être plus difficile. »

Alors mesdames, la grossesse ne doit pas être un frein dans votre carrière. D’ailleurs pour beaucoup de femmes, la grossesse fut un tremplin pour propulser leur carrière. En effet, à leur retour de congé, elles se voyaient confier plus de responsabilités, elles s’investissaient encore plus. Leur congé maternité leur servait alors de temps pour se reconcentrer et repenser leur carrière. J’espère pouvoir vous transmettre quelques témoignages de ces femmes prochainement.


Comment promouvoir les filières et les métiers scientifiques auprès des jeunes filles, tout en luttant contre les préjugés concernant les femmes et les sciences ?

C’est avec la belle initiative « Ambassadrices des sciences » qu’un groupe de douze jeunes lycéennes de seconde et de première du lycée Maximilien Sorre de Cachan ont répondu. Encadrées par deux enseignantes,  Laurence Touret, enseignante en SVT,  et Amélie Godon, enseignante en sciences physiques, elles ont créé en septembre 2014 un atelier pour réfléchir à des actions.  Trois thèmes d’études ont été choisis.

Un 1èr thème est historique avec une étude biographique sur Marie Curie et les difficultés qu’elle aurait pu rencontrer au cours de sa carrière en tant que femme. Le 2ème thème concerne la lutte contre les préjugés et le 3ème thème permet notamment des rencontres extérieures avec des femmes scientifiques responsables de laboratoire.

Les membres de l’atelier « Ambassadrices des sciences » ont ainsi choisi d’inviter deux représentantes de deux associations différentes Mme Ezratti de l’association « Femmes et sciences,  Flore  Wegmann, de l’association « Allez les filles, osez les sciences », créée par des lauréates du Prix de la vocation scientifique et technique des filles et  Mme Bernardis, chargée de mission égalité à Universcience afin de présenter le projet porté par cet atelier.

Les Ambassadrices des sciences du Lycée Maximilien Sorre

C’est dans le cadre du 2ème thème d’étude, la lutte contre les préjugés que la rencontre entre les membres de cet atelier et les deux associations citées ci-dessus, a eu lieu.

Les Ambassadrices des sciences ont mis au point un sondage qui a été réalisé dans toutes les classes du lycée. A partir des questions posées aux élèves on a pu mettre en évidence que des idées reçues sont toujours présentes concernant les carrières des femmes dans le domaine scientifique, en particulier chez les garçons. Par exemple que les femmes sont moins douées en sciences que les garçons, qu’il existe officiellement des métiers d’hommes et des métiers de femmes ou que les femmes ne sont pas faites pour le pouvoir.

La discussion a alors porté sur la manière dont on pouvait lutter contre ces préjugés. Mmes Ezratti, Wegmann, et Bernardis ont alors invité les membres de l’atelier à se pencher sur les manuels scolaires afin de constater  la si petite place faite aux femmes dans les références ou les faits historiques, ce qui ne peut qu’accentuer ces préjugés auprès d’un jeune public, préjugés déjà bien ancrés dans notre société. C’est pourquoi un concours qui récompensera la meilleure photo prise par un élève du lycée Maximilien Sorre a été lancé. Cette photo dénoncera des a priori exposés dans des lieux publics. Par ailleurs, les actions étant surtout menées auprès des jeunes filles, l’idée a été proposée d’orienter de futures actions vers les garçons.

Cette rencontre entre l’atelier scolaire et ces intervenantes aura donc été très bénéfique pour l’atelier de ce lycée, car elle aura permis d’apporter des idées permettant de lutter à petite échelle contre les préjugés. Elle aura également permis de valoriser le travail réalisé par les jeunes membres de cet atelier de par l’intérêt et les encouragements apportés par les représentantes des ces deux associations.

Les Ambassadrices des sciences et leurs enseignantes ont aussi visité les laboratoires de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail dont les principales sous-unités sont gérées par des femmes qu’elles ont pu  interroger  sur leur parcours.

En mai, c’est Bénédicte Ménez, professeure des universités en sciences de la Terre à l’Institut de Physique du Globe de Paris, lauréate de prix Joliot Curie 2012 qui les a reçues.

Crééz à votre tour des ateliers dans vos lycées et vos collèges pour inciter les filles et les garçons pour discuter des préjugés et des idées reçues sur les sciences et les technologies. Toute l’équipe du lycée Maximilien Sorre peut vous donner des pistes.

Les Ambassadrices des sciences du Lycée Maximilien Sorre et leurs enseignantes

Publié par : asabrina19 | 16 mars 2015

Trophée des femmes de l’industrie 2015


L’édition 2015 du trophée des femmes de l’industrie de l’Usine Nouvelle est lancée !

trophée 201511 prix seront décernés pour l’occasion :

  • Trophée de la Femme Entrepreneur
  • Trophée de la Femme de Production
  • Trophée de la Femme de Projets
  • Trophée de la Femme de R&D
  • Trophée de la Femme d’Innovation
  • Femme du Numérique
  • Femme du Développement durable
  • Femme Internationale
  • Femme Commerciale
  • Femme au Début prometteur
  • Trophée de la Femme de l’Industrie de l’année

Alors tentez votre chance vous aussi ! Vous trouvez le dossier de candidature en cliquant ici.

Nous avons toutes une chance de remporter un des trophées alors n’hésitez pas !

Publié par : fatiane | 10 mars 2015

La recherche de stage…pas évident !


C’est la période de début de stage de fin d’études pour les étudiants des grandes écoles. Et la recherche de stage en amont n’est pas toujours facile.

Juste quelques conseils pour augmenter vos chances de trouver l’opportunité qui vous convient.

Si vous savez déjà dans quel domaine vous voulez faire votre stage, ciblez les entreprises correspondantes, créez des profils en ligne sur les plateformes de recrutement des entreprises en question. Et quand elles n’existent pas, n’hésitez pas à candidater spontanément. Attention à ne pas être limité dans le choix de l’entreprise, regardez à travers l’entonnoir dans le sens divergent !

Exploitez le réseau des anciens élèves de votre école ! Il n’y a rien de mieux pour avoir des informations sur une entreprise vue de l’intérieur ou les évolutions de carrière possibles après votre diplôme. Et souvent il y a des offres qui ne sont pas accessibles au grand public mais réservées à des profils spécifiques correspondant à votre formation.

Et enfin, utilisez votre propre réseau: votre entourage, les relations que vous avez pu vous faire aux cours de vos précédents stages, lors de vos investissements associatifs, lors de forums, etc.

Pour postuler, bien sûr, soignez votre CV et votre lettre de motivation. Et lorsque vous avez décroché un entretien, sachez vous vendre !

Bon courage à ceux qui cherchent un stage actuellement et pour pour vos recherches de stage futures.

Publié par : allezlesfilles | 7 mars 2015

Le 8 mars honneur aux femmes scientifiques !!!


Le 8 mars c’est toute l’année ! proclamait le slogan lancé en 2013 par le ministère des droits des femmes. Aussi Universcience, la Fondation l’Oréal et Wikimédia France ont-ils décidé d’organiser régulièrement des journées de contribution  « Femmes de sciences sur Wikipédia » pour mieux mettre en lumière des femmes qui ont apporté leur pierre à l’édifice des connaissances.

La troisième journée s’est tenue le 7 mars à la bibliothèque de la Cité des sciences et de l’industrie. Une belle façon de célébrer la journée internationale des femmes.

 

Journée studieuse de contribution " Femmes de science sur Wikipédia" à la Cité des sciences

Journée studieuse de contribution  » Femmes de science sur Wikipédia » à la Cité des sciences

Pour rendre visibles des physiciennes, des mathématiciennes, des chimistes, des philosophes, des astronomies, longtemps occultées ou méconnues dans l’histoire des sciences ou des scientifiques contemporaines, une cinquantaine de personnes, historiennes et historiens, chercheuses en histoire des sciences, en chimie, en paléontologie, …, boursières de l’Oréal Unesco, blogueuses, des bénévoles de l’association Wikimédia et des  bibliothécaires de la Cité des sciences ont passé la journée à rédiger, enrichi, créer des notices dans la célèbre  encyclopédie collaborative Wikipédia, où l’on estime à 13% environ le pourcentage de contributrices.

Pourquoi mettre en lumière des femmes scientifiques du passé ?  Isabelle Lémonon, doctorante en histoire des sciences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales au Centre Alexandre Koyré, qui travaille sur les femmes dans la philosophie des Lumières au XVIIIème siècle, répond qu’il est important de montrer que les femmes ont toujours fait des sciences. Elles sont nombreuses ; si on les cherche on les trouve ! car de tout temps les femmes ont fait des sciences même lorsque l’accès à l’éducation ne leur était pas permis.

Cela permet fournir à des jeunes filles des rôles modèles, pense cette professeure de physique car il n’y a pas que Marie Curie. Une « brassée de rôles modèles » renchérit la philosophe Geneviève Fraisse qui insiste sur la nécessité de parler non seulement de la biographie mais aussi du contenu des savoirs produits par les femmes. Rôle modèle  exemplaire qu’incarne la présidente d’Universcience, Claudie Haigneré, première femme française astronaute, très attachée à encourager les jeunes filles à choisir des études scientifiques ou techniques et très engagée pour promouvoir les femmes scientifiques.

 

La philosophe Geneviève Fraisse et Claudie Haigneré, la présidente d'Universcience, première femme française astronaute

La philosophe Geneviève Fraisse et Claudie Haigneré, la présidente d’Universcience, première femme française astronaute

 

Montrer le rôle des femmes dans l’industrie, un domaine traditionnellement masculin, peut également susciter des vocations dans l’industrie, dans l’innovation. Valérie Burgos, doctorante au Centre Alexandre Koyré à  l’Ecole des hautes études en sciences sociales, s’intéresse l’industrie nationale après la Seconde guerre mondiale ; elle montre que les femmes ont aussi apporté des innovations dans l’industrie et pas seulement pour des objets de la sphère domestique. Les identifier requiert un travail important sur les sources et implique parfois de passer par les hommes pour trouver les femmes,

On pourrait penser que le rôle des femmes est subalterne, qu’elles ne faisaient pas de la vraie science, ou qu’elles étaient isolées. Ce sont des idées reçues qu’un examen attentif des sources et les travaux des historiennes et des historiens récuse.

L’astronome Jérôme Lalande avait, en 1786,dans son ouvrage L’Astronomie des Dames, bien relevé l’obstacle des préjugés :

« Je crois qu’il ne manque aux femmes que les occasions de s’instruire et de prendre de l’émulation ; on en voit assez qui se distinguent, malgré les obstacles de l’éducation et du préjugé, pour croire qu’elles ont autant d’esprit que la plupart des hommes qui acquièrent de la célébrité dans les sciences ».

Si ces préjugés sont toujours d’actualité, et les obstacles encore nombreux , il est essentiel que grâce à des initiatives comme « Femmes de sciences sur Wikipédia »  les femmes acquièrent la notoriété et  la célébrité qui leur reviennent légitimement !

 


MUST WATCH!

Close your eyes and picture an engineer. You probably weren’t envisioning Debbie Sterling. Debbie Sterling is an engineer and founder of GoldieBlox, a toy company out to inspire the next generation of female engineers. She has made it her mission in life to tackle the gender gap in science, technology, engineering and math.

In the spirit of ideas worth spreading, TEDx is a program of local, self-organized events that bring people together to share a TED-like experience.


Hélène Olivier-Bourbigou a été élue « Femme scientifique » de l’année 2014 du  très prestigieux prix Irène Joliot-Curie, décerné chaque année par le Ministère de la recherche et la Fondation Airbus Group. Elle est chef de département à L’IFP Energies nouvelles et responsable des recherches dans le domaine de la catalyse moléculaire. Brillante chimiste, très tôt remarquée par Yves Chauvin, prix Nobel de Chimie en 2005, ses recherches visent à développer des procédés qui permettent de transformer des matières premières fossiles en molécules à plus haute valeur ajoutée utilisées par l’industrie chimique comme des plastifiants ou de polymères. Une chimie plus respectueuse de l’environnement et plus économique, plus durable est ce qu’elle poursuit dans ses travaux de recherche. Reconnue comme l’une des meilleures spécialistes mondiales dans sa discipline, elle a aussi à coeur de former les jeunes à la recherche.

Elle a  accepté de répondre aux questions de Flore. Nous sommes très honorées de vous faire découvrir son parcours et ses passions.  

Elle conseille aux jeunes qui veulent faire des sciences : « franchissez le pas », ayez de l’audace, vous ne le regretterez pas !!!

Pourriez-vous nous décrire rapidement votre parcours scolaire et professionnel et nous dire ce qui vous a amenée vers la chimie ?

Après l’obtention de mon bac scientifique (série S) en 1982, j’ai fait les classes préparatoires au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse. Ce qui m’a conduit à intégrer une école d’ingénieur. J’ai choisi la chimie, bien qu’à ce stade l’enseignement reçu ne m’en avait donné qu’un aperçu très théorique. C’est à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rennes que naît ma motivation. Je réalise mon stage de fin de 2ème année dans les laboratoires de la société Roussel Uclaf à Romainville dans la région parisienne : c’est ma première réelle expérience de la recherche en chimie ; elle me donne rapidement ce goût du travail expérimental en synthèse organique qui associe rigueur scientifique, ouverture, curiosité, remise en cause, apprentissage continu…

Je sais alors que je veux faire de la recherche. Je décide naturellement de poursuivre ma formation par une thèse. Je postule pour un sujet proposé dans le groupe de catalyse moléculaire dirigé par Yves Chauvin à l’Institut Français du Pétrole à Rueil Malmaison, aujourd’hui IFP Energies nouvelles.  Dès le départ, j’ai beaucoup de chance d’être acceptée dans cet environnement exceptionnel où il existe un parfait équilibre entre recherche académique et industrielle, où je peux allier une démarche scientifique rigoureuse avec le souci de l’application.

A l’issue de ma thèse, je  bénéficie d’un séjour post-doctoral à l’université de Sussex au Royaume Uni pour compléter ma formation et m’ouvrir à d’autres approches. Je rejoins en 1989 le groupe d’Yves Chauvin en tant qu’ingénieur de recherche. Là, je conduis des travaux de recherche sur la catalyse homogène appliquée à la chimie avec pour objectif le développement de procédés industriels plus respectueux de l’environnement.

La femme scientifique de l'année 2014, lauréate du Prix Irène Joliot-Curie

La femme scientifique de l’année 2014, lauréate du Prix Irène Joliot-Curie

Vous animez une équipe d’une vingtaine de personnes. Avez-vous suivi une formation spéciale ou est-ce arrivé naturellement dans votre parcours ?

Ma première fonction d’ingénieur de recherche comprend une mission d’encadrement du travail d’un ou deux techniciens puis de thésards et stagiaires.  C’est naturellement que le travail d’équipe s’installe sans trop de difficultés car orienté vers un objectif commun, un résultat visé. La conjugaison des talents et le partage des bonnes pratiques apparaissent pour moi comme un plus, une motivation. L’équipe que j’encadre aujourd’hui (environ 20 personnes) est composée d’hommes et de femmes. Cela nécessite de mettre en place une organisation avec des références de fonctionnement. Pour cela, j’ai eu l’opportunité de suivre des formations qui m’ont donné certaines clés pour améliorer la cohésion et l’esprit d’équipe.

Certains hommes sont parfois récalcitrants à l’idée d’être dirigés par une femme,  avez-vous rencontré ce problème ? Si oui, comment y avez-vous fait face ?

S’affirmer et être acceptée comme leader, être capable d’anticiper et de donner des directives sont en soi des missions difficiles du management, pour les femmes comme pour les hommes. J’ai parfois ressenti certaines réticences masculines à accepter une  autorité féminine. Cela reste ponctuel. Mon objectif, en tant que manager, est alors d’essayer d’unir le groupe et de coordonner les efforts, de le valoriser sur la base des succès, même lorsqu’ils sont modestes, de faire converger les intérêts individuels et l’intérêt collectif – de gagner la confiance de chacun. Je vise à ce que mon autorité soit naturellement reconnue et acceptée.

Vous avez débuté aux côtés d’Yves Chauvin, Prix Nobel de Chimie 2005, cela vous a-t-il donné des idées, des perspectives de carrière ? Avec vos travaux pour une chimie plus respectueuse de l’environnement par exemple ?

Mon travail auprès d’Yves Chauvin a été à la base de l’évolution de mon parcours. J’ai appris avec lui l’ouverture, à savoir s’intéresser au nouveau, la curiosité que ce soit pour la recherche fondamentale ou appliquée, le gout du risque, des enjeux difficiles. Cela m’a permis d’orienter mes recherches en créant des passerelles entre différents domaines qui s’ignoraient et d’aller vers des innovations de rupture.

Auriez-vous un conseil à donner aux jeunes, et notamment aux jeunes filles ? Un mot à leur dire pour leur donner envie de s’orienter vers la chimie ?

La chimie est parfois associée à une image négative qui n’est pas à la hauteur de son impact réel. La chimie est partout dans notre environnement et contribue à notre bien-être. Rappelons qu’en France, l’industrie chimique est la première filière exportatrice, au 6ème rang de la chimie mondiale. Les enjeux, environnementaux, économiques et sociétaux sont importants. Pour relever ces défis, des avancées scientifiques seront nécessaires. Les femmes ont toute leur place pour porter les innovations de demain. Il n’y a pas de profil « standard », de norme « masculine » mais au contraire un besoin de diversité. Je souhaite dire aux jeunes filles/femmes qui hésitent à suivre cette filière que c’est un métier passionnant, malheureusement souvent méconnu et où certains stéréotypes peuvent encore être véhiculés.

Alors, tout simplement « franchissez le pas », ayez de l’audace, vous ne le regretterez pas !!!

 

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